Mauborget 2011, les planeurs remontent le temps
Les planeurs remontent le temps à Mauborget
Une fois par année, les mordus de planeurs anciens procèdent à des lâchers à l’élastique, pour le plaisir
Un solide sexagénaire se glisse dans le minuscule cockpit d’un Moswey III jaune et ajuste une petite caméra sur sont front. Un peu plus bas dans la pente, sur le balcon de Mauborget qui surplombe la plaine de l’Orbe et le lac de Neuchâtel, une vingtaine de passionnés, bobs et casquettes vissés sur le crâne, s’alignent le long de deux cordes.
Rien à voir avec le traditionnel tir à la corde des Jeunesses rurales. Ici la moyenne d’âge avoisine les 60 ans, et il s’agit de tendre un élastique qui catapultera le planeur ancien dans les airs.
Ce week-end, l’Association suisse des planeurs ancien, organisait comme chaque année un lâcher à l ?ancienne. Une technique très usitée dans les années de rationnement de l’essence, pratiquée aujourd’hui pour le plaisir. Un lâcher particulièrement adapté aux planeurs anciens dont les ailes épaisses à l’avant ont une bonne portance à faible vitesse, explique Eric Santschi (67 ans) de Mollens, ancien mécanicien naviguant.
Un reve d’enfant :
« Ziehen », hurle le lanceur. Les papys dévalent la pente en deux colonnes avec leurs cordes, l’élastique se tend et, en une fraction de seconde, le planeur est projeté à 70 km/h dans l’azur dans un bruissement d’air. Comme des gamins, couchés dans l’herbe, les tireurs dégustent sa trajectoire.
Petit, j’avais un livre Nestlé qu’on recevait en collectionnant des points, se rappelle Eric Santschi. Il y avait une illustration montrant ces lâchers à l’élastique avec des planeurs jaunes. C’est comme ca que ca m’est venu. Mais pour l’instant, tant que son planeur ASK8 n’est pas retapé, il vient surtout aider les copains et tirer les cordes.
Au moment du départ, le pilote prend une très forte poussée dans la nuque (2G), explique Pierre-Alain Ruffieux. Alors pour éviter le coup du lapin, un coussin est fixé derrière la tête. Son fils, Pierre-Louis (29 ans), qui vole depuis l’âge de 14 ans, enfile veste et bonnet de cuir et prend place dans un HB 348 (Grunau Baby) de 1947.
Le planeur le plus construit au monde, assure son père. Tous les officiers allemands en avaient un pour s’entrainer le week-end.
Jean-Claude Néglais, metteur en page à la retraite, est venu de Nancy (F) pour tirer les cordes. C’est anachronique ! Ca fait vingt ans qu’ils ont remis ca à l’ordre du jour. On est des papys, alors après 8 ou 9 lâchers, on est un peu fatigués.
Texte original du Journal 24 heures ci-dessous:
